Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

19 sept. 2014

Hurdes en Estrémadure: La terre sans pain de Buñuel.






Terre sans pain.

 Quand on a parcouru les vallées sauvages de cette partie de l'Estrémadure (ou Extremadure) que sont les Hurdes, on a vite compris le sens du titre du film de Luis Buñuel: La roche affleure en permanence. Peu de terre arable, pauvre et très caillouteuse. Seules, près de quelques petits torrents de montagne, quelques terrasses de terre plus noire permettent une culture horticole de subsistance. 
Depuis 40 ans, le gouvernement d'Extrémadure a mis les moyens pour développer les infrastructures et l'agriculture (l'huile d'olive notamment) et sortir Les Hurdes de son isolement et de sa pauvreté chronique. Mais jusqu'à lors, le sort de ses habitants étaient de vendre leur force de travail aux alentours ou carrément d'émigrer...
village des hurdes: riomalo
Ríomalo de Arriba.

Il y a environ 20 ans de cela, vivant depuis peu à Salamanque, je découvris le film-documentaire du cinéaste espagnol lors d'une exposition (Las Edades del Hombre) à l'intérieur de la superbe cathédrale. Durant l'été de cette même année, je visitai quelques villages des Hurdes. Entre autre, après des kilomètres d'une piste en terre (goudronnée depuis...), un village en ruine et presque abandonné: Ríomalo de Arriba. Je garderai toujours cette vision, le film encore imprimé dans ma rétine, de ces deux vieilles femmes édentées et vêtues de noir qui tiraient parti d'un panier de pommes presque pourries, assises devant leur maison à l'entrée du village. Un véritable voyage dans le temps. Je me souviendrai également de la longue et émouvante discussion avec un homme lui aussi très âgé, qui m'expliqua en long et en large l'histoire actuelle et passée du village, et que je retrouverai assis exactement au même endroit 15 ans plus tard lors d'une autre visite.
Riomalo de Arriba, au nom prédestiné (mauvaise rivière), un hameau aujourd'hui pratiquement désert (il restait 5 ou 6 personnes vivant là toute l'année selon les dires du grand-père.) devait forcément être un des villages du film: Isolé, entouré de massifs où les forêts de pins s'accrochent aux blocs d'ardoise. Une terre senteurs. Une terre sans terre. Une terre qui s'enterre. La terre des 100 pins. Une terre sans pain...
las hurdes

cultures en terrasses dans les hurdes
Paysages typiques des Hurdes: Un torrent, quelques terrasses de terre arable, et des massifs rocheux.
Sur le film: Célèbre plaidoyer sur la misère rural filmé en 1932 sous la seconde République. Muet au départ, il sera sonorisé en France (d'où le commentaire en français) au début de la guerre civile grâce à des fonds de l'ambassade espagnole à Paris. Il y ajoutera le message final comme propagande contre le fascisme qui sévit alors en Europe.
Les scènes "préparées" comme la chute de la chèvre (apparemment abattue d'un coup de fusil) ont fait l'objet de nombreuses polémiques et débats. On reproche à Buñuel d'exagérer la réalité à des fins de propagande mais il convient de replacer ce film, non seulement dans le contexte politique de l'époque, mais aussi dans le cadre conceptuel du documentaire , qui, loin de celui qui régit nos reportages actuels, se basait sur un scénario à suivre et des scènes préparées qui  reconstituaient la réalité. Très loin donc de l'improvisation, de l'instantané et du "pris sur le vif". Très prêt en revanche, des films documentaires de Flaherty comme Nanouk L'esquimau ou Moana.
grande cascade dans les hurdes.
Cascade de Ovejuela (Hurdes).

À 20 minutes de nos gîtes, juste à la frontière entre La Castille et Léon et l'Extrémadure, se trouve un autre village "Hurdanos" à ne pas confondre: Ríomalo de Abajo (donc en aval de la rivière). C'est la route à prendre pour pénétrer dans les Hurdes mais on peut aussi passer par La Alberca et Las Batuecas, et suivre les traces de Luis Buñuel.
les méandres des hurdes.extremadure
Le méandre de l'Alagon, à Riomalo de Abajo (Hurdes).

2 commentaires:

  1. Nous passons souvent l'été à Hervas, entre Salamanca et Plasencia, village de montagne avec son beau quartier juif et ses 42 bars !!

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  2. 42? ah oui quand même.... un très beau bourg sur le flanc d'une montagne superbe. Depuis chez moi, le coucher de soleil sur ces montagnes est magnifique.

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