Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

1 févr. 2013

La crise espagnole pour les nuls (suite et fin?)

Mariano Rajoy, étonné.

Rajoy, basta ya!

Je ne comptais pas revenir sur ce sujet mais l'actualité m'y oblige, convertissant peu à peu ce blog qui se voulait au départ un patchwork d'articles dédiés au bonheur de vivre, en un plaidoyer contre les magouilles politiques de ce pays. J'espère revenir bientôt à l'essence de ce site, mais l'esprit n'est pour le moment pas au calme ni à la contemplation, mais plutôt à la résistance, pour ne pas dire aux barricades.

Je le dis sérieusement: L'Espagne est plongée depuis 3 ans dans une grave crise sociale, financière et politique qui peut déboucher à tout moment sur un désordre social aux conséquences inconnues.

L'affaire Barcenas: La goutte qui fait déborder le vase:

J'ai fait,  dans l'article du mois dernier, un début de liste des affaires de corruption qui ressortent depuis un mois, des profondeurs des années dorées de la construction. L'affaire de l'ancien trésorier du PPE (Parti Populaire Espagnol) qui avait planqué 22 millions d'euros en Suisse et qui avait profité de la récente loi d'amnistie fiscale voté par les siens, pour "blanchir" la moitié de cet argent, vient de prendre une tournure inattendue. (Mais pas tant que ça pour beaucoup de monde, finalement...)

Le journal "El País" a publié hier un article explosif de 4 pages où l'on peut voir des extraits d'un soi-disant livre de compte B, écrit de la main de Barcenas (l'ex trésorier du PP), qui fait état de "donations" d'entreprises espagnoles, pour la plupart des promoteurs immobiliers dont certains sont actuellement mêlés dans des affaires de corruption, et de la redistribution  de ces donations entre les "éléphants" du parti , secrétaires du parti, actuels ministres ou ex-ministres sous le gouvernement de Aznar, actuelle porte-parole du parti, et surtout le propre chef du gouvernement actuel: Mariano Rajoy.
livre de comptes de Barcenas, trésorier du Pati Populaire
Un extrait des comptes "secrets" de barcenas publié par El País: on y voit comment Rajoy aurait touché des sommes  trimestrielles qui  se chiffrent à un total de plus de 300.000 euros sur 11 ans. Tous les pontes du parti figurent sur ces papiers avec des sommes qui varient de 15.000 à 250.000 euros par des versements répartis sur plusieurs années.
Cela faisait  quelques jours déjà que le bruit courait que des membres du parti au pouvoir avaient touché des salaires "extra" au noir au moyen d'enveloppes. Il semblerait que Barcenas n'était pas décidé à payer seul le pot aux roses de la corruption qui semble atteindre son parti jusque dans ses représentants les plus illustres. Après avoir lâché ces accusations, il se rétracte maintenant et annonce que tout est un montage visant à discréditer le PP.
Et bien sûr, cela va de soit, la porte-parole Cospedal niait tout en bloc hier ainsi que tous les intéressés, sauf 4 qui ont avoué avoir reçu effectivement, soit une donation comme cette association de victimes du terrorisme "Basta ya", soit un prêt dûment remboursé comme l'actuel Président du Sénat. Ces 4 personnes confirmeraient donc sans le vouloir,  que ces papiers ne seraient pas des faux, confirmation également faite par des graphologues.

L'affaire est d'une gravité extrême: Si ces comptes se révèlent être effectivement des annotations secrètes d'enveloppes d'argent non déclaré perçues par les personnes figurant sur ceux-ci, c'est non seulement le Parti Populaire mais aussi une partie du gouvernement qui devra prendre ses responsabilités. Renouvellement total des cadres du parti pour les uns et démissions immédiates pour les autres. (mais j'ai dit la dernière fois que le mot démission est absent du vocabulaire politique espagnol)
Il sera nécessaire également de réformer sérieusement et en profondeur le fonctionnement et le financement des partis politiques de ce pays.

Corruption et politique: Une population qui n'en peut plus.

Le parti socialiste crie mollement au scandale afin de remplir son rôle d'opposition. Mais l'on sent bien qu'il tremble lui aussi devant l'ampleur de cette affaire qui pourrait bien aussi le compromettre. Pas plus tard qu'il y a une semaine, un des ses membres était expulsé pour une sombre affaire d'articles écrits par son ex-femme et sur-payés par la fondation "Idea" qu'il dirigeait (pour une somme totale de plusieurs dizaines de milliers d'euros, rien que cela.)

Les gens ici acceptent de plus en plus mal que le gouvernent leur demande mois après mois de faire des sacrifices, de voir comme il privatise peu à peu la santé et l'éducation, baisse salaires, retraites et allocations chômage, que chaque jour des familles se voient expulsées de leur logement ou condamnées à fouiller dans les poubelles, et que la caste politique continue de s'empiffrer, certains d'entre eux de manière frauduleuse.
Tout ceci, ajouté à d'autres problèmes comme les tentatives populistes d'indépendance de la Catalogne, crée un ferment anti-système et anti-politique dangereux dont les conséquences explosives sont imprévisibles.

La démocratie espagnole n'a que 30 ans. Elle est en train de pourrir avant d'avoir eu le temps de mûrir.
En d'autres temps pas si lointains, une crise économique mondiale semblable et des démocraties fragilisées ont entraînés l'Europe et le monde dans le gouffre.
Il est à espérer qu'ici, en Espagne,  l'esprit des indignés du 15M souffle sur la classe politique et que celle-ci réagisse énergiquement et rapidement. Le temps est compté...

Le Figaro
Le Monde
Analyse intéressante du scandale Barcenas (en espagnol)

1 commentaire:

  1. Hier, le célèbre journaliste espagnol Iñaki Gabilondo comparait l'Espagne à une maison attaquée par les termites.
    La justice, les partis politiques, les syndicats, la patronnal, la monarchie, presque toutes les institutions du pays sont touchées par la crise de confiance des citoyens.
    La maison est sur pied, mais mangée de l'intérieur, combien de temps resistera-t-elle?
    Nous sommes à l'aube d'un changement de régime affirmait hier le journaliste. Il a souligné le rôle fondamentale de roi Juan Carlos dans la construction de la démocratie et sa fonction de colonne vertébrale jusqu'à aujourd'hui, en terminant son interview par le souhait que si le pays passait la page de la monarchie, elle le fasse d'une manière propre et respectueuse envers le personnage historique que représente ce roi qui ne fut certes pas choisi par le peuple, mais qui fit le choix en son temps de la réconciliation nationale...

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