Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

15 juil. 2013

Le jour où la crise terminera

Je ne résiste pas à l'envie de traduire ce pamphlet reçu à travers mail, qui exprime bien l'opinion d'une partie toujours plus nombreuse de la population espagnole (et la mienne) et qui est la synthèse parfaite de la triste réalité que nous vivons depuis quelques années ici, et ailleurs (Grèce, Portugal, Irlande...). Je laisse le texte en version originale pour ceux qui lisent l'espagnol...
  Concha Caballero écrit dans le journal "El País". Vous pouvez consulter plusieurs de ses billets d'humeurs ici.

concha caballero

Le jour où la crise termina.
Quand la récession sera finit, nous aurons perdu 30 années de droits et salaires .
CONCHA CABALLERO

Un beau jour de l'année 2014, nous nous réveillerons et on nous annoncera que la crise est terminée. Ils célébreront la fin du cauchemar, dans un fleuve de mots écrits avec notre douleur, ils nous feront croire que le danger est passé tout en nous avertissant qu'il y a encore des symptômes de faiblesse et que l'on doit être prudent afin d'éviter une rechute. Ils réussiront à ce que nous fêtions l'évènement, soulagés, et que nous laissions de côté notre attitude critique face aux pouvoirs et ils nous promettront que peu à peu, nous retrouverons une vie tranquille.

 Un beau jour de 2014, la crise sera officiellement terminée, et nous aurons tous des têtes d'imbéciles heureux. On nous reprochera notre méfiance, ils clameront les bienfaits de leur politique d'austérité. Ils relanceront la roue de l'économie. Bien sûr, la crise écologique, la crise des inégalités et de l'impossibilité d'une croissance infinie, restera intacte mais ces menaces n'ont jamais été publiées, et ceux qui dominent le monde auront mis un point final à cette crise-escroquerie, moitié réalité, moitié fiction, dont l'origine est difficile à déchiffrer mais dont les objectifs sont clairs et précis: Nous faire revenir 30 ans en arrière tant en droits du travail comme en salaire.

 Un beau jour de l'année 2014, lorsque les salaires auront été baissés à des niveaux tiermondistes, lorsque le travail sera si bon marché qu'il ne sera plus le facteur déterminant du prix d'un produit, lorsqu'ils auront mis à genoux toutes les professions pour que leurs savoirs tiennent dans un salaire de misère, lorsqu'ils auront habitué les jeunes à travailler presque gratuitement, lorsqu'ils disposeront d'une réserve de millions de chômeurs près à être polyvalents, mobiles et malléables simplement pour sortir de leur situation désespérante, ALORS LA CRISE SERA TERMINÉ.

 Un beau jour de 2014, quand les élèves s'empileront dans les salles de classe, qu'ils auront réussi à expulser du système éducatif 30% des étudiants sans laisser de traces visibles, quand la santé s'achètera et ne s'offrira plus, quand notre état de santé ressemblera à celui de notre compte bancaire, quand on nous fera payer pour chaque service, chaque droit, chaque prestation, quand les retraites seront tardives et ridicules, quand ils nous auront convaincu que nous avons besoin d'assurances privées pour garantir nos fins de vies, ALORS LA CRISE SERA TERMINÉE.

 Un beau jour de l'année 2014, quand ils auront réussi à niveler vers le bas toute la structure sociale et que tous, excepté l'élite protégée dans chaque secteur, nous marcherons dans le lisier de la pénurie ou sentirons l'haleine de la peur dans nos dos, quand nous nous serons lassés des confrontations entre les uns et les autres, et que tous les ponts de la solidarité auront été rompus, ALORS ILS NOUS ANNONCERONT QUE LA CRISE EST TERMINÉE.

 Jamais en si peu de temps, ils auront réussi autant. Seulement 5 ans leur ont suffit pour réduire en cendres des droits qui ont demandé des siècles de conquêtes et expansion.Une dévastation si brutale du paysage social seulement comparable en Europe lors des dernières guerres. Bien que, réflexion faite, dans ces derniers cas aussi, c'est l'ennemi qui a dicté les règles, la durée des combats, la stratégies à suivre et les conditions de l'armistice. Pour cela, Je ne suis pas seulement préoccupée de quand nous sortirons de la crise sinon comment nous en sortirons. Sa grande victoire aura été non seulement de nous rendre plus pauvres et inégaux, mais également lâches et résignés, car sans ces derniers ingrédients, le terrain si facilement conquis par eux serait de nouveau disputé.

 Pour l'instant, ils ont mis l'horloge de l'histoire en arrière et ont gagné 30 ans pour leurs intérêts. Il reste maintenant les dernières retouches au nouveau cadre social: Un peu de privatisation par ici, un peu moins de dépense publique par là, et "voilà": son oeuvre est terminée. Quand le calendrier marquera n'importe quel jour de 2014, mais que nos vies auront régressé comme dans les années 70, ils décréteront la fin de la crise et nous écouterons à la radio les dernières conditions de notre reddition.


  El día que acabó la crisis* Cuando termine la recesión habremos perdido 30 años en derechos y salarios* CONCHA CABALLERO 
Un buen día del año 2014 nos despertaremos y nos anunciarán que la crisis ha terminado. Correrán ríos de tinta escritos con nuestros dolores, celebrarán el fin de la pesadilla, nos harán creer que ha pasado el peligro aunque nos advertirán de que todavía hay síntomas de debilidad y que hay que ser muy prudentes para evitar recaídas. Conseguirán que respiremos aliviados, que celebremos el acontecimiento, que depongamos la actitud crítica contra los poderes y nos prometerán que, poco a poco, volverá la tranquilidad a nuestras vidas.

 Un buen día del año 2014, la crisis habrá terminado oficialmente y se nos quedará cara de bobos agradecidos, nos reprocharán nuestra desconfianza, darán por buenas las políticas de ajuste y volverán a dar cuerda al carrusel de la economía. Por supuesto, la crisis ecológica, la crisis del reparto desigual, la crisis de la imposibilidad de crecimiento infinito permanecerá intacta pero esa amenaza nunca ha sido publicada ni difundida y los que de verdad dominan el mundo habrán puesto punto final a esta crisis estafa —mitad realidad, mitad ficción—, cuyo origen es difícil de descifrar pero cuyos objetivos han sido claros y contundentes*: hacernos retroceder 30 años en derechos y en salarios.

 Un buen día del año 2014, *cuando los salarios se hayan abaratado hasta límites tercermundistas*; *cuando el trabajo sea tan barato que deje de ser el factor determinante del producto;* *cuando hayan arrodillado a todas las profesiones para que sus saberes quepan en una nómina escuálida; *cuando hayan amaestrado a la juventud en el arte de trabajar casi gratis; *cuando dispongan de una reserva de millones de personas paradas dispuestas a ser polivalentes, desplazables y amoldables con tal de huir del infierno de la desesperación,* ENTONCES LA CRISIS HABRÁ TERMINADO.

 Un buen día del año 2014, cuando los alumnos se hacinen en las aulas y se haya conseguido expulsar del sistema educativo a un 30% de los estudiantes sin dejar rastro visible de la hazaña; *cuando la salud se compre* y no se ofrezca; cuando nuestro estado de salud se parezca al de nuestra cuenta bancaria;*cuando nos cobren por cada servicio, por cada derecho, por cada prestación;* cuando las pensiones sean tardías y rácanas, *cuando nos convenzan de que necesitamos seguros privados para garantizar nuestras vidas *, ENTONCES SE HABRÁ ACABADO LA CRISIS.

 Un buen día del año 2014, cuando hayan conseguido una nivelación a la baja de toda la estructura social y todos —excepto la cúpula puesta cuidadosamente a salvo en cada sector—, pisemos los charcos de la escasez o sintamos el aliento del miedo en nuestra espalda; cuando nos hayamos cansado de confrontarnos unos con otros y se hayan roto todos los puentes de la solidaridad, ENTONCES NOS ANUNCIARÁN QUE LA CRISIS HA TERMINADO.

 Nunca en tan poco tiempo se habrá conseguido tanto. *Tan solo cinco años le han bastado para reducir a cenizas derechos que tardaron siglos en conquistarse y extenderse*. Una devastación tan brutal del paisaje social solo se había conseguido en Europa a través de la guerra. Aunque, bien pensado, también en este caso ha sido el enemigo el que ha dictado las normas, la duración de los combates, la estrategia a seguir y las condiciones del armisticio. Por eso, no solo me preocupa cuándo saldremos de la crisis, sino cómo saldremos de ella. Su gran triunfo será no sólo *hacernos más pobres y desiguales, sino también más cobardes y resignados* ya que sin estos últimos ingredientes el terreno que tan fácilmente han ganado entraría nuevamente en disputa.

 De momento han dado marcha atrás al reloj de la historia y le han ganado 30 años a sus intereses. Ahora quedan los últimos retoques al nuevo marco social: un poco más de privatizaciones por aquí, un poco menos de gasto público por allá y *voilà*: su obra estará concluida. *Cuando el calendario marque cualquier día del año 2014, pero nuestras vidas hayan retrocedido hasta finales de los años setenta,* decretarán el fin de la crisis y escucharemos por la radio las últimas condiciones de nuestra rendición.

8 commentaires:

  1. Merci pour ce billet, Fred.
    2014? Elle est optimiste, Concha...
    "cuando los salarios se hayan abaratado hasta límites tercermundistas": l'avantage est que les Chinois pourront commencer à investir chez nous... (humour noir!)
    Hasta luego!

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  2. ce n'est pas elle qui est optimiste, c'est une boutade car c'est ce que nous rabâche le ministre de l'économie ici depuis des mois. Pareil que Flamby en France...je ne sais pas où ils ont vu des indices de que les gens vont commencer à consommer alors que tout augmente (entre autre juste ces jours-ci :electricité, essence, droit d'entrée à l'université (50 %)...) et quune personne sur 3 est au chomage, les autres avec des salaires de 1000 euros. (sauf ceux qui s'enrichissent grace à la crise, allez faire un tour à Ibiza cet été..)
    Ce système est en panne, basé sur le sacro saint PIB et la consommation. mais peu remettent en question ce système.
    Un lien si tu es interessé: une des rares interviews faite au leader du nouveau parti vert espagnol:

    http://www.rtve.es/alacarta/audios/el-dia-menos-pensado/dia-menos-pensado-juan-lopez-uralde-hacer-ecologia-politica-mas-hablar-pajaros-flores/1935341/

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  3. Mais il y a de l'argent pour ça...

    http://forumdemocratique.fr/2013/07/19/en-route-pour-un-etat-policier-lespagne-augmente-son-budget-anti-emeute-de-1900-en-un-an/

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  4. et durcissement des lois sur les manisfestations, faisant de celui qui s'assoie pacifiquement devant les CRS ,un délinquant passible de prison et de fortes amendes..
    Bref, le blindage de la société est en marche...

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  5. Je viens de lire ce témoignage...
    http://www.liberation.fr/monde/2013/07/17/j-ecris-d-en-bas-de-la-partie-effondree-de-l-espagne_918998
    A pleurer!

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  6. Ici, beaucoup de gens n'ont déjà plus de larmes..mais la rage . Et cela pourrait exploser bientot...

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  7. Selon les échos qui me parviennent, je veux bien le croire
    J'ai commis un petit papier sur l'impuissance proclamée des politiques ardents défenseurs de la rigueur...
    http://marcelthiriet.blogspot.fr/2013/07/impuissance-politique.html

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  8. Bonjour Fred
    Je me suis permis de reprendre en partie ton papier pour resituer le problème dans un cadre plus général:
    http://marcelthiriet.blogspot.fr/2013/07/alors-la-crise-sera-terminee.html
    Hasta luego!

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